Read La Bible du crime (NON FICTION) (French Edition) Online
Authors: Stéphane Bourgoin
Homme courtois, discret et intelligent, William Whalen dit que l’affaire Harvey l’a beaucoup transformé. On le croit volontiers. Plein d’humanité, il garde d’ailleurs contact avec son client, mais il avoue être dépassé par sa personnalité et son passé de tueur. À la fin de l’année 2013, William Whalen se suicidera, sans que l’on sache si le cas Donald Harvey est à l’origine de cet acte
1
.
Adèle Lommec avoue un meurtre par empoisonnement à Vannes grâce à une pratique étrange, la « cruentation ».
C
ette histoire étonnante provient des pages de l’hebdomadaire de faits divers
Police Magazine
:
« Jadis, une superstition qui avait force de loi voulait que
l’on fît passer les personnes soupçonnées d’assassinat au-dessus du cadavre de la victime. Cela s’appelait la “cruentation”, et la justice assurait gravement que, au moment où le vrai coupable enjambait le corps, les plaies du mort devaient se rouvrir et saigner. Avec les siècles, cette croyance, plus curieuse assurément que féconde en résultats, disparut. Mais elle revint d’actualité en septembre 1834.
Louis Le Triec, gros négociant en chevaux, de Vannes, avait été longtemps soupçonné d’avoir empoisonné sa femme. À raison d’ailleurs ; car ce maquignon, brutal et ivrogne, avait bavardé imprudemment dans les cabarets. Garçon de ferme, il avait eu la bonne fortune d’épouser, en 1818, une vieille fille de Vannes, fort riche mais fort laide ; marié sous le régime de la communauté, il avait vécu, depuis, entre son épouse et la sœur de celle-ci, Adèle Lommech. Louis Le Triec n’avait jamais caché qu’il n’aimait pas sa femme et que, maintenant qu’il tenait le magot, plus vite elle disparaîtrait mieux ce serait.
— Pour la bagatelle, ajoutait le maquignon avec un gros rire niais, il me restera toujours sa sœur.
On savait bien à Vannes qu’Adèle Lommech ne repoussait pas les avances de son beau-frère. Aussi, lorsque la femme de Le Triec mourut, après une longue agonie, en décembre 1833, on parla sans attendre d’empoisonnement. L’autopsie de la morte fut ordonnée, mais on ne découvrit aucune trace de toxique dans le cadavre, et les mauvaises langues en furent pour leurs frais. Six mois passèrent. À son tour, après être resté alité quelques semaines, en proie à de douloureux vomissements, le marchand de chevaux succomba au même mal étrange qui avait emporté sa femme. De nouveau, on parla d’empoisonnement. Le permis d’inhumer fut refusé et le Parquet de Vannes se rendit, en toute hâte, au domicile du maquignon. Déjà, le mort bleuissait ; les veines de son cou et de ses bras semblaient prêtes à éclater. Devant l’intrusion des policiers, Adèle Lommech protesta de son innocence. Amenée devant le défunt par le médecin de l’état civil, qui voulait se faire expliquer les circonstances de ce mystérieux décès, Adèle Lommech s’écria :
— Que je meure sur-le-champ si je n’ai pas tout tenté pour empêcher mon pauvre Louis de mourir.
À peine achevait-elle qu’un affreux jet de sang noir lui inonda
la face. D’un coup de scalpel maladroit, le médecin avait crevé une des veines boursouflées du bras. Les yeux dilatés par l’effroi, le visage plein de sang, Adèle Lommech se jeta à genoux :
— Eh bien ! oui, c’est moi qui l’ai empoisonné, gémit-elle ; et avec le restant du poison qui lui avait servi à tuer ma pauvre sœur pour s’emparer de son argent et me posséder à son aise !
On ne devait jamais connaître le secret de ce drame ténébreux. Adèle Lommech était soudain devenue folle. »
Funérailles du producteur et réalisateur Paul Bern.
L
a meilleure « production » de la MGM est-elle un meurtre déguisé en suicide ? Le 5 septembre 1932, le producteur Paul Bern se suicide en laissant un mot d’adieu à son épouse Jean Harlow :
« Ma chérie, malheureusement, ceci est l’unique solution que j’ai trouvée pour réparer cette abjecte humiliation que je t’ai causée. Je t’aime. Paul. Tu comprendras que l’expérience de la nuit dernière fut une effroyable comédie. »
C’est Louis B. Mayer et Irving Thalberg, les pontes de la MGM, qui découvrent le corps, suite au coup de fil du maître d’hôtel. Mais en 1960, l’écrivain et scénariste Ben Hecht écrit que la mort a été maquillée en suicide par la MGM et que Bern ne souffrait nullement d’impotence sexuelle – ce que suggérait la lettre retrouvée. En fait, il aurait été assassiné par son ex-femme, Dorothy Millette, qui n’avait jamais accepté son récent mariage avec Jean Harlow. Millette se suicidera en se jetant dans le fleuve Sacramento.
La vérité sur cette affaire était connue d’un certain nombre de personnalités hollywoodiennes, dont le réalisateur Henry Hathaway pour qui le meurtre avait été déguisé en suicide afin de protéger l’image de marque de la blonde incendiaire, vedette montante du moment. Les auteurs Samuel Marx et Joyce Vanderveen révéleront
finalement la vérité dans un excellent ouvrage,
Deadly Illusions – Jean Harlow and the Murder of Paul Bern
, publié en 1990.
Le présumé tueur en série José Paul se suicide dans la prison de Metz.
C
e détenu de 42 ans s’est donné la mort dans la nuit du 10 au 11 septembre dans sa cellule. Condamné par les Assises de la Moselle à trente ans de réclusion criminelle, dont une peine de sûreté couvrant au moins les deux tiers, José Paul est retrouvé pendu avec sa ceinture aux barreaux de sa fenêtre, dans le quartier d’isolement de la prison. Le détenu a été reconnu coupable des meurtres, commis à un mois d’intervalle fin 1999, de deux hommes apparemment inconnus de lui sur les rives de la rivière Seille à Metz. Il a également été condamné pour avoir blessé de onze coups de couteau une femme à Verdun en 1994, ainsi que pour une autre agression au couteau contre un homme, le compagnon de beuverie de l’une de ses deux victimes. Il devait être rejugé en appel devant les Assises de la Meurthe-et-Moselle à Nancy.
Robert Garrow est abattu lors d’une tentative d’évasion de la prison de Fishkill, dans l’État de New York. Violeur et tueur en série, il est reconnu coupable d’au moins quatre assassinats.
N
é dans une famille de fermiers dans le village de Dannemora, au nord de New York, Robert Garrow est élevé à la dure et puni très sévèrement à la moindre incartade, ce qui est confirmé par ses frères et sœurs lors de son procès. Son père le frappe souvent à coups de briques. La police doit intervenir de manière régulière au domicile familial pour séparer Garrow et son
père alcoolique. Enfant puis adolescent, il commet des actes de zoophilie et de tortures sur les animaux de la ferme et se masturbe dans des jeux sadomasochistes avec la machine à traire les vaches.
À 15 ans, Robert est placé dans une maison de redressement. Il s’engage dans l’US Air Force où il est l’objet de nombreuses moqueries à cause de son énurésie (il fait toujours… pipi au lit), avant d’être jugé par une cour martiale pour avoir volé de l’argent à un supérieur. Il passe dix-huit mois dans des prisons de Floride et de Géorgie. Physiquement impressionnant – plus de cent kilos tout en muscles –, Garrow revient à New York en 1957 où il se marie et devient le père d’un garçon. Mais sa vie ne se stabilise pas pour autant. Il est constamment renvoyé de petits boulots et commet de nombreux vols et cambriolages. Il trompe par ailleurs son épouse avec un homosexuel sadique. En 1961, Garrow est condamné à sept ans de prison pour un viol. Dès sa libération, il viole en série des fillettes, échappe aux autorités et devient fugitif.
Le 29 juillet 1973, quatre amis adolescents partent camper dans un parc près de Wells, dans les Adirondacks, lorsqu’ils ont le malheur de croiser la route de Garrow, au volant de sa Volkswagen orange. Il attache les trois jeunes hommes et Carol à des arbres, puis poignarde l’un d’eux, Philip Domblewski, à de nombreuses reprises avant de s’enfuir. Son véhicule est repéré par la police d’État après deux jours de recherche. Après une longue poursuite dans la forêt du parc, Garrow abandonne son véhicule accidenté. Les enquêteurs sont persuadés que Garrow est aussi responsable de l’assassinat de Daniel Porter, un étudiant d’Harvard âgé de 23 ans, et de la disparition de sa petite amie, Susan Petz, 20 ans. Le corps de Porter a été retrouvé le 20 juillet, à 30 km de l’endroit où Domblewski a été tué. Le mode opératoire est similaire. Au bout de onze jours de cavale, des policiers aperçoivent Garrow près de la maison de sa sœur. Il ne veut pas se rendre et est blessé de trois balles dans le dos, la jambe et la main gauche. Lors des interrogatoires, Garrow refuse de coopérer. Il prétend avoir perdu la mémoire. Ses avocats le poussent à parler ; il avoue avoir violé et assassiné Alicia Hauck, 16 ans, à Syracuse, Daniel Porter, l’étudiant d’Harvard, et son amie qu’il a gardée vivante pendant quatre jours pour la violer à répétition, avant de la poignarder à mort.
Le 27 juin 1974, Robert Garrow est reconnu coupable de quatre meurtres et de sept viols. Depuis son arrestation, le tueur en série est prostré dans une chaise roulante, expliquant que ses blessures par balles l’ont paralysé, ce que contestent plusieurs médecins. Il est condamné à la prison à vie. Pendant son incarcération, Garrow décide de poursuivre les autorités, réclamant dix millions de dollars de dommages et intérêts pour ses blessures. Il est transféré vers la prison de Fishkill, où la sécurité est moindre qu’à Dannemora et Auburn où il était auparavant emprisonné. On le place dans un bâtiment réservé aux handicapés et aux personnes âgées.
La nuit du 8 septembre 1978, Garrow confectionne un mannequin qu’il installe dans son fauteuil roulant et quitte les lieux avec en main un automatique de calibre.32 que son fils Robert lui a fait passer. Les forces de l’ordre le cherchent à travers tout l’État de New York, les routes sont bloquées et toutes les gares sont surveillées. Pendant trois jours, personne ne voit Garrow. En fait, il a creusé un abri dans les bois, à moins de trois cents mètres de la prison, où il se terre sans bouger. Mais une patrouille repère un transistor près du trou, d’où le tueur surgit l’arme au poing. Il fait feu et blesse un policier à la jambe. Les autres répliquent et Robert Garrow meurt sur-le-champ.
Cannibale et pédophile, le serial killer Surinder Koli est condamné à être pendu.
F
in décembre 2013, les enquêteurs du Central Bureau of Investigation de New Delhi découvrent les restes et ossements de seize enfants dans la maison de Mohinder Singh, un entrepreneur de travaux publics, à Noida. Lui et son employé, Surinder Koli, sont arrêtés le 29 décembre, puis inculpés d’enlèvements, de viols et de meurtres. Les fouilles effectuées depuis cette première découverte ont porté le bilan à quarante morts. D’après la presse, Surinder Koli a reconnu avoir eu des relations sexuelles avec les
cadavres de ses victimes et avoir tenté de manger leurs organes. Les familles des enfants se montrent très véhémentes et accusent les autorités locales d’avoir négligé l’enquête parce que les fillettes étaient d’extraction modeste. L’enquête interne de la police des polices aboutit à la révocation de six policiers pour « incompétence », trois ayant été suspendus. L’exécution de Surinder Koli a été reportée à une date ultérieure, avant d’être commuée en réclusion criminelle à perpétuité le 28 janvier 2015.
Jeremy Bamber, l’auteur du « Massacre de l’Essex », quitte le pays.
C
e play-boy oisif pense avoir commis le crime parfait : il massacre cinq membres de sa famille en vue d’hériter de ses parents adoptifs. Il fait porter les soupçons sur sa sœur, qui se serait suicidée après le massacre. On le voit même effondré en larmes lors de l’enterrement de sa famille.
Un couple « rêve » le meurtre de leur bébé âgé de vingt mois et décide de passer à l’acte.
L
e couple formé par Wim Durdin, 24 ans, et Yoko Maesen, 22 ans, bat de l’aile depuis quelque temps. Aux graves problèmes financiers – dus à leur consommation de drogue – s’ajoute le fait que Yoko tombe amoureuse de l’un de leurs amis communs. On se dispute bien plus qu’on ne rit dans le petit appartement de Wetteren, ville de 20 000 habitants située sur l’Escaut non loin de Gand, en Flandre-Orientale. « Chacun voulait suivre son propre chemin », raconte Sandra, la sœur de Wim. En effet, peu avant les faits, le couple décide de se séparer. « Wim se plaignait de ce que Yoko s’occupait de moins en moins d’Olivier, leur fils de 20 mois. Tout retombait sur les épaules de mon frère. Après coup, on a
appris qu’ils avaient commencé les démarches pour faire adopter Olivier, mais ils trouvaient la procédure trop longue. Ils voulaient se débarrasser de leur petit garçon, et vite. Si Wim en avait parlé avec nous, Olivier serait encore en vie aujourd’hui. On lui aurait conseillé de s’occuper d’Olivier à tour de rôle ou de le placer provisoirement dans un centre d’accueil, poursuit-elle. « Je n’arrive toujours pas à comprendre ce qui s’est passé, déclare de son côté la mère de Wim. S’ils étaient dans une situation aussi désespérée, pourquoi n’ont-ils pas déposé leur enfant dans un poste de police ou tout simplement dans la rue, devant un café ? Wim passait ici presque chaque semaine, mais il n’a jamais laissé paraître qu’il ne s’en sortait plus. C’était son problème : il en disait de moins en moins parce que lorsqu’on parlait, ça se terminait en dispute. Il voulait tout résoudre à sa manière », regrette-t-elle. Et la solution choisie fut terrible.
« La nuit précédente, on a fait chacun un rêve dans lequel Olivier était tué, racontera Wim aux enquêteurs. Yoko a rêvé qu’elle lui brisait la nuque, et moi que je le jetais dans l’Escaut une pierre autour du cou. On a choisi le rêve de Yoko. Elle a suggéré de tirer à la courte paille pour savoir qui commettrait le meurtre, mais lorsqu’elle a tiré la plus courte, elle n’a pas pu. »
La scène se passe le 14 septembre 2002. Lors du procès, qui a lieu le 21 juin 2004, Wim explique comment le couple s’est alors rendu, ce soir de septembre vers 21 h 30, sur un terrain de jeu tout proche. « Là, j’ai essayé de lui briser le cou, mais cela n’a pas marché et Olivier a commencé à pleurer et à crier de douleur. » Wim lâche prise, et pour étouffer les pleurs de son enfant, il lui couvre la bouche à l’aide de sa veste. Et tandis que Yoko maintient Olivier, Wim le frappe deux fois à la poitrine avec son couteau de poche. « Ensuite nous l’avons enterré. Je ne sais plus s’il était encore en vie à ce moment-là », poursuit Wim qui se rend à la police le lendemain. Là, il explique qu’il a agi seul, mais le soir même Yoko avoue qu’ils ont planifié le meurtre ensemble. Sandra souligne qu’Olivier, son neveu, n’a jamais manqué de rien, qu’il était correctement nourri, proprement habillé et qu’on lui offrait des tonnes de jouets. Elle ne s’explique pas comment le père d’un tel enfant, qui partage de bons moments avec lui – Wim était fou de son fils, d’après Sandra –, peut arriver à le tuer. La grand-mère d’Olivier
revient quant à elle sur l’adolescence de son fils, à Anvers, où il a eu de mauvaises fréquentations, une bande de copains qui l’a initié au haschich. Wim a même été condamné pour cambriolage. C’est pour fuir ce milieu qu’il part s’installer avec Yoko à Wetteren, mais ils sont trop jeunes, trop inexpérimentés pour avoir un enfant.
Lors de son procès, Wim déclare qu’Olivier « était un gentil petit garçon qui ne nous causait quasiment pas de souci. Mais prendre soin de lui était devenu une contrainte quotidienne ». La cour d’assises de Gand a jugé Yoko Maesen et Wim Durdin coupables d’infanticide et les a condamnés à la prison à perpétuité, qualifiant l’affaire de « presque surréaliste ». Le jury ne leur a trouvé aucune circonstance atténuante.