Réplique (Les enquêtes de Lizzy Gardner t. 1) (French Edition) (16 page)

BOOK: Réplique (Les enquêtes de Lizzy Gardner t. 1) (French Edition)
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— Très bien, Lizzy. Tu te souviens de ce que je t’ai menacé de faire si jamais tu me
trahissais ?

Outre sa colère, elle était traversée par des vagues de
dégoût.


 Oui.

— Gentille fille. Maintenant, vas-y, pose-moi une question,
Lizzy.

— As-tu Sophie Madison avec toi en ce
moment ?

— Oui, mais pas pour longtemps. Elle a été très, très
vilaine.

— Dis-moi où tu es. Laisse-la partir. Prends-moi à sa place. Je ferai tout ce
que…

Clic.
La communication fut
coupée.

Elle regarda Jared, mais ni l’un ni l’autre ne prononça un mot. Ils n’en avaient pas besoin. Elle ne l’avait pas gardé en ligne suffisamment
longtemps.

 

 

Mercredi 17 février, 22 h
 13

 

Le vent et la pluie battaient les haies et les buissons devant la maison qu’il surveillait. Des arbres perdaient leurs branches et répandaient brindilles et morceaux d’écorce sur la
chaussée.

La tempête s’annonçait en avance sur l’heure prévue par monsieur météo. Il se demanda pourquoi il persistait à écouter les bulletins, puisque la plupart des présentateurs météo se trompaient toujours. Mais il se mentait à lui-même. Il regardait les actualités pour voir Nancy Moreno en action. Quelque chose chez cette présentatrice l’intriguait… et c’était exactement la raison pour laquelle il avait choisi de lui demander son
aide.

Moreno était plus qu’abîmée ; elle était meurtrie dans sa chair. Pour commencer, elle avait été violée dès son plus jeune âge par son père et son oncle. Mais au lieu de se laisser démolir, elle s’était servie de tout ce qui lui était arrivé de négatif pour devenir plus solide. À force d’acharnement, elle était sortie de l’université avec les honneurs. D’après ce qu’il en avait déduit, Nancy aimait dominer. Elle aimait aussi avoir le contrôle. Il ne cracherait pas sur une nuit avec elle, mais d’abord il devrait lui offrir un dîner arrosé, et il n’avait pas encore décidé si elle en valait la
peine.

En dépit de son âme blessée et de son équilibre fragile, Moreno avait toujours eu l’air sûre d’elle, sans un seul cheveu de travers, jusqu’à ce matin. Étrangement, il avait été capable de faire, avec quelques appels téléphoniques, ce que son père n’avait pas réussi malgré des années passées à baiser sa propre fille. Il était le seul à pouvoir gratter sous une apparence détendue comme celle de
Moreno.

Il caressait son bouc du bout des doigts. C’était un faux. En réalité, il avait hâte de rentrer chez lui et d’enlever les poils de son menton, ainsi que sa moustache. Il n’aimait plus se cacher derrière des postiches et des masques désagréables, mais il n’avait pas non plus envie de croupir dans une cellule froide et humide, alors il faisait ce qu’il avait à
faire.

Son regard restait rivé sur la maison de l’autre côté de la rue. Dans son coffre, il y avait Sophie, morte. Elle ne lui avait été d’aucune utilité, autant jouer avec un
pantin.

Rien n’était plus comme
avant.

Il jeta un œil sur sa Perpetual Sea-Dweller flambant neuve. Il était temps de partir. À cause du vent et de la pluie, sa visibilité était réduite. Et puis, il devait se débarrasser du corps. Il tendit la main et attrapa son Nikon sur le siège passager, décidé à prendre un dernier cliché avant de partir. À l’aide de son téléobjectif, il regarda dans le viseur jusqu’à apercevoir l’intérieur de la chambre de Brittany Warner. Sa lumière brillait toujours. La pièce restait généralement allumée jusqu’à onze heures du soir. La silhouette d’une jeune fille passa et ses battements de cœur s’accélérèrent. Quelques secondes plus tard, elle se retourna. Cette fois, elle marqua une pause juste devant la fenêtre.
Gentille
fille.

Clic. Clic.
Clic.

À l’idée que la nièce de Lizzy Gardner puisse être en train de l’observer, un frisson courut le long de son dos.
Oui.
Il ferma les yeux, savourant cet instant. Après tout, peut-être la situation n’était-elle pas si
désespérée.

 

 

Jeudi 18 février 2010, 2 h
 35

 


 Arrête !

Jared se redressa. Dans les ténèbres, il distinguait des formes et des ombres qui ne lui étaient pas familières.
Avait-il entendu quelque
chose ?

Le seul bruit était celui du vent qui s’écrasait contre le bâtiment. Il lui fallut quelques secondes pour se souvenir qu’il dormait sur le canapé de Lizzy. Après le coup de téléphone, Lizzy n’avait pas montré un grand appétit − que ce soit pour la nourriture ou le sexe. Il ne pouvait pas lui en vouloir. Ils avaient simplement passé quelques heures à parcourir des dossiers et à prendre des
notes.

Lizzy s’était opposée à ce qu’il prenne le volant jusque chez lui après avoir terminé une bouteille de vin, mais elle n’était pas non plus disposée à l’inviter dans son lit. Ça ne le dérangeait pas. Il avait juste envie de rester à proximité et de veiller sur
elle.

— S’il te plaît,
non !

Ce n’était décidément pas le vent. Il bondit sur ses pieds, se rua dans le couloir et ouvrit la porte de la chambre de Lizzy. Elle faisait un cauchemar. Il la rejoignit et écarta délicatement les cheveux de son
visage.

— Je ne te quitterai jamais, dit Lizzy dans son sommeil. Je te le promets. Mais laisse-la tranquille. Je ferai tout ce que tu voudras si tu la laisses
tranquille.

Le désespoir dans sa voix lui serra le
cœur.

— Lizzy, c’est moi, Jared. Réveille-toi.

Lizzy tendit la main et enfonça ses doigts dans son avant-bras.

— Elle a assez souffert, criait-elle.. Elle ne peut pas s’en empêcher… s’il te plaît, je t’en supplie,
arrête.

Jared chercha la lampe et
alluma.

— Lizzy, réveille-toi.

Ses yeux s’ouvrirent et elle poussa un soupir
tremblotant.

— Jared ? Dieu soit loué, c’est
toi.

D’un geste fébrile et impétueux, elle l’attira contre elle et passa ses bras autour de son
cou.

— Tu es venu. Je savais que tu viendrais. Je n’ai jamais perdu
espoir.

Jamais ne s’était-il senti aussi pitoyable. Elle était toujours endormie, mais au moins elle savait qu’il était là pour
elle.

— C’est moi, dit-il en se glissant près d’elle sur le lit. Je suis
là.

Elle se pelotonna contre lui et posa la tête dans le creux de son bras. Quelques minutes plus tard, sa respiration s’était apaisée. Il ne se donna pas la peine d’éteindre la lumière. Il resta allongé, immobile, ses doigts caressant doucement ses cheveux tandis qu’il regardait le plafond. Elle n’avait pas voulu qu’il rentre chez lui en voiture, mais elle n’avait pas non plus souhaité qu’il passe la nuit avec elle. Certes, il se doutait qu’elle lui cachait quelque chose, mais il n’aurait jamais pensé qu’elle revivait la même terreur chaque fois qu’elle fermait les yeux et s’endormait.

CHAPITRE 18

Jeudi 18 février 2010, 6 h
 38

 

Lizzy entra dans son bureau, étonnée d’y trouver Jessica déjà très
affairée.

— Tu es
matinale.

— Je ne pouvais pas dormir, dit Jessica sans lever les yeux de son ordinateur. Je n’arrêtais pas de penser à ces filles, surtout
Sophie.

Lizzy se faufila derrière la chaise de Jessica pour passer, prit un siège et alluma son ordinateur. Une tasse de café chaud l’attendait.

— Merci pour le
café.

Elle but une
gorgée.

— On dirait que tu as abattu un sacré
travail.

Jessica laissa tomber devant Lizzy une pile de notes et de
papiers.

— Tu veux voir ce que j’ai trouvé pour l’instant ?

Lizzy avala un peu de café et hocha la
tête.

— Nous avons quatre corps, découverts près d’un plan d’eau. Chacun présente des piqûres d’araignée, des traces de brûlure et une marque distinctive laissée par le tueur. Par exemple, la première victime retrouvée était Jordan Marriot − yeux marron, danseuse, repêchée flottant dans une piscine municipale. Sa famille n’a pas accepté de me parler, mais j’ai pu retrouver deux des plus proches amies de Jordan. Elles étaient d’accord pour affirmer que Jordan était une gentille fille, mais qu’elle ouvrait trop sa
bouche.

Lizzy allait avancer un commentaire, mais Jessica leva une main pour l’en
empêcher.

— Tu m’as demandé de trouver tous les détails possibles sur ces filles, et c’est ce que j’ai fait. Si nous en apprenons plus sur elles, alors peut-être pourrons-nous en connaître plus sur
Spiderman.

Impressionnée, Lizzy attendit que Jessica
poursuive.

— Apparemment, Jordan avait tendance à dire aux gens exactement ce qu’elle pensait d’eux − sans retenue. Ses amies m’ont confié que son franc-parler la dépassait parfois. On sait qu’à plusieurs reprises, elle a publiquement humilié sa mère. Si tu te rappelles, Jordan était la fille retrouvée avec du savon enfoncé dans l’œsophage. Elle a aussi été aveuglée à l’acide. La victime suivante, c’est Laney Monroe, enchaîna Jessica sans s’interrompre. La seule victime aux yeux bleus. Mais devine quoi ? Elle portait des
lentilles.

— Tu
plaisantes ?

Lizzy était
sidérée.

— Devine de quelle couleur étaient ses
yeux ?


 Marron.

— Exact. Marron. Laney a été retrouvée au bord de l’American River, au confluent de la Sacramento River, à peine avant. Je me suis entretenue avec le professeur de Laney et certains de ses amis, et ils m’ont tous raconté que Laney était une camarade amusante et insouciante. Même ses voisins d’il y a quatorze ans se souviennent encore d’elle. Eux aussi n’avaient que des choses positives à me dire à propos de Laney. Elle était appréciée et populaire. Mais pour une obscure raison, le tueur a pratiqué d’atroces mutilations à ses parties génitales. Pourtant, il ne l’a pas
violée.

Depuis le début, Lizzy était impressionnée par les découvertes de
Jessica.

— Alors que penses-tu que cela puisse vouloir
dire ?

— Je n’en suis pas certaine, mais quelques-uns de ses amis ont insinué qu’elle était si appréciée qu’elle avait tendance à « papillonner ». Je pense que Spiderman savait qu’elle pouvait se montrer un peu « trop amicale » et n’aimait pas
cela.

— D’accord, déduction intéressante.
Continue.

— La troisième victime était Mandy Rocha. Seize ans. Yeux marron. Déléguée de sa classe. Présidente de l’association étudiante. C’était une élève active dans un quart des clubs de son école − du jamais vu. Le corps de Mandy a été retrouvé près de Folsom Lake. Toutes les victimes avaient des marques de brûlure, mais à la différence des autres, les bras et les jambes de Mandy étaient recouverts de brûlures de cigarette. Une idée quant à la nature de son
vice ?

— Elle était
fumeuse ?

— Bingo. Des cigarettes. Beaucoup. Tous ceux à qui j’ai parlé et qui connaissaient Mandy m’ont affirmé qu’elle fumait depuis aussi longtemps qu’ils s’en souviennent. Elle en était à un paquet par jour au moment de son enlèvement. Elle faisait aussi le mur, le week-end, pour aller retrouver ses amis, principalement des
garçons.

Lizzy dévisagea Jessica avec une fascination toute nouvelle. La fille était intelligente et elle semblait avoir un don pour le travail d’investigation. Qui l’aurait
cru ?

Jessica feuilletait ses
notes.

— La dernière victime, à notre connaissance, était Rachel Foster. Rachel a aussi été retrouvée près de l’American River, à quelques kilomètres de l’endroit où se situait Laney Monroe. Rachel avait des seringues qui lui sortaient des yeux. Sa famille a déménagé depuis, mais j’ai déniché Ryan Arnold, un avocat. C’était le petit ami de Rachel quand elle a disparu. Il m’a dit qu’elle prenait de la drogue à l’époque de son enlèvement. Elle était accro à l’héroïne. Ryan avait mené ses propres recherches sur l’affaire, et il m’a faxé un article écrit par un agent du FBI à la retraite, Gregory O’Guinn.

Pensive, Lizzy hocha la tête et attendit que Jessica
termine.

Jessica brandit une feuille de
papier.

— J’ai une copie de l’article ici. M. O’Guinn a passé vingt ans à établir le profil des tueurs en série. D’après lui, Spiderman était rejeté, c’était quelqu’un qui ne se sentait pas à sa place. Pour aller mieux, Spiderman devait prendre le contrôle, c’est pourquoi il a kidnappé des jeunes filles, qui risquaient moins de se défendre. Mais je m’interroge, dit Jessica en marquant une pause. Si on regarde ces quatre filles, on retrouve un schéma répétitif. Apparemment, Spiderman pensait faire une faveur à la communauté en se débarrassant d’elles : des adolescentes irrespectueuses envers leurs parents, qui fumaient, se droguaient ou avaient des relations sexuelles
précoces.

— C’est-à-dire la plupart des
adolescentes.

— En effet, et c’est exactement pour cette raison que je n’ai pas pu dormir la nuit dernière. Si je me mets dans la tête du tueur, impossible de savoir quelles filles étaient vraiment « mauvaises » à moins de les connaître à un certain niveau. Sauf si je les fréquente de manière plus ou moins régulière, ce qui
signifie…

— Il connaissait ces filles, intervint Lizzy. Il les voyait suffisamment pour décréter qu’elles causaient des ennuis. Et qui pouvait rencontrer régulièrement ces
filles ?

— Des professeurs, des tuteurs de soutien scolaire, des entraîneurs, des
dentistes…

— Et des médecins, conclut
Lizzy.

Jessica écarquilla les
yeux.

— Mais Spiderman choisissait aussi les filles aux yeux
marron.

— Une sélection qui lui est propre, dit
Lizzy.

— Oui, les adolescentes aux yeux marron doivent lui rappeler quelqu’un.

— Peut-être fréquentait-il une fille aux yeux marron qui a rompu avec lui, à moins qu’il n’ait eu une sorte de rapport conflictuel avec sa mère et qu’elle ait les yeux
marron.

Lizzy se remémora les paroles de
Jared.

— Nous concentrer sur les filles aux yeux marron ne va pas nous aider à retrouver
Sophie.

— Non, en effet, acquiesça Jessica, mais je me demande si le tueur pourrait être
ophtalmo.

Lizzy tendit le doigt vers
Jessica.

— Tu tiens peut-être une piste. Ça vaut le coup d’essayer. Nous allons vérifier tous les ophtalmos que ces victimes consultaient, que ce soit à l’école ou hors de l’école.

Lizzy l’inscrivit sur un bloc-notes près de son
ordinateur.

— Et que fait-on de sa fascination pour les plans d’eau ? Pourquoi chaque victime était-elle déposée à côté de l’eau, voire
dedans ?

— Je n’en sais trop rien. Son intérêt évident pour l’eau me pose une colle. Et pourtant… en laissant les cadavres près de l’eau, il voulait peut-être que ses victimes soient trouvées rapidement, avant que la nature ne fasse son œuvre et ne détruise sa mise en
scène.

— Bien vu. S’il avait voulu anéantir les preuves, il aurait enterré les corps quelque part dans les bois ou à la
montagne.

— Autre chose, ajouta Jessica. Chaque victime que Spiderman a choisie était une fille populaire. Pas simplement « appréciée », populaire avec un P majuscule. Pom-pom girls, têtes de classe entreprenantes,
etc.

— Alors il cherche des filles populaires aux yeux marron, dit Lizzy. Avec un vice, comme le sexe, la drogue ou les
cigarettes.

Jessica
approuva.

— Je me demande s’il est arrivé à Spiderman quelque chose qui a tout déclenché. Certains tueurs en série s’en prennent à un type spécifique de victime, c’est bien connu. Ed Gein était stimulé par les femmes d’âge moyen qui ressemblaient à sa mère, alors que Ted Bundy s’en prenait à celles qui répondaient à des critères très précis : jeunes collégiennes aux longs cheveux bruns séparés par une raie au milieu. Il doit y avoir un élément déclencheur. Spiderman a vécu quelque chose qui l’a incité à passer à l’action. Si tel est le cas, où est donc passé Spiderman pendant tout ce temps et que lui est-il arrivé pour qu’il
recommence ?

— Tu as fait beaucoup de recherches sur les tueurs en
série ?

Jessica hocha la
tête.

— Je songe à devenir profileuse un jour. Mais plus j’en apprends, mieux je saisis pourquoi Sigmund Freud s’avouait vaincu quand il fallait comprendre les raisons qui poussaient certaines personnes à agir comme elles le
faisaient.

— Je pense que tu ferais une excellente
profileuse.

Lizzy plongea la main dans la poche de son manteau pour en sortir le calepin que Jared lui avait donné la
veille.

— Il est temps de nous focaliser sur les filles qui ont disparu à cette époque pour voir si nous en trouvons qui correspondent aux critères : yeux marron, populaires, etc. Nous devons reprendre depuis le début et procéder comme si ces crimes avaient eu lieu hier. Commençons par tous les médecins que ces filles ont un jour
consultés.

 

 

Jeudi 18 février 2010, 10 h
 33

 

Vingt minutes après avoir reçu l’appel de Jimmy, Jared gara sa voiture devant la berline de son collègue, sur Hazel Road, et coupa le moteur. Un essaim de voitures de police aux lumières clignotantes ainsi que trois véhicules banalisés formaient une ligne continue de l’autre côté de la route, à huit cents mètres de l’entrée de l’autoroute.

Jared sortit et suivit le cordon de sécurité balisant la scène de crime, qui partait du trottoir et descendait une pente boueuse jusqu’au bord de la rivière. Au bas du talus, Jimmy aboyait ses ordres pour essayer de sécuriser la scène aussi vite que possible. Jimmy et lui travaillaient ensemble depuis trois ans maintenant. Malgré sa personnalité monolithique, Jimmy était indéniablement passionné par son métier et avait toujours une étincelle dans le regard et une démarche
fière.

Jimmy avait déjà missionné un vidéaste sur les lieux. Un stagiaire, armé d’une caméra et d’un bloc-notes, suivait Jimmy comme un petit chien. La caméra pendait en bandoulière à l’épaule du jeune homme, qui écrivait sans discontinuer tous les détails de la scène, du climat jusqu’aux noms et aux fonctions des personnes
présentes.

Jared reconnut Joey Ritton, le criminologue auquel ils avaient fait appel pour relever les empreintes de chaussures chez les Madison. L’assistant de Ritton posa une règle à côté d’une trace de pas imprimée dans la boue, puis il la photographia. Ensuite, Ritton plaça un cadre métallique autour de l’empreinte avant de verser précautionneusement du plâtre
dessus.

Jared passa son chemin. Il suivit le cordon de police le long d’un sentier menant à la promenade, au bord de l’American River. Pendant les mois d’hiver, on apercevait quelques pêcheurs dans l’eau, au coude à coude dans leurs gilets serrés au poignet, qui attendaient que les saumons mordent à l’hameçon.

— La pluie de la nuit dernière n’a rien arrangé, expliqua Jimmy à Jared quand il le vit qui s’approchait. Un peu de chance ne serait pas de refus en ce
moment.

— Des armes ? demanda
Jared.

— Aucune pour l’instant. Les empreintes de pas sont sans doute notre principal indice ici, mais le tueur nous a laissé un autre
message.

À quelques pas derrière Jimmy, Jared remarqua deux techniciens qui étudiaient le corps de la victime à l’aide de plusieurs sources de lumière alternatives. Ils cherchaient des fibres et des cheveux avant de transporter le cadavre jusqu’au laboratoire, où un autre examen minutieux serait
mené.

Une bourrasque glaciale attaqua les oreilles de Jared, tandis qu’il suivait Jimmy jusqu’au
corps.

— Où est le
mot ?

— Tu
verras.

En posant les yeux sur la fille, Jared eut un mouvement de recul. Il se pencha. C’était bien Sophie. Il la reconnaissait d’après les photos. Sa frange lui recouvrait le front, mais le reste de ses cheveux avait été coupé pour former des angles irréguliers, comme Lizzy l’avait évoqué. De là où il se tenait, il constata des marques de brûlure et des plaies le long de ses bras et de ses
jambes.

— Ce sont des brûlures de
cigarette ?

— Nous pensons que les marques ont été faites à l’aide d’une sorte de fer, répondit l’un des techniciens, mais nous laisserons au médecin légiste le soin de rédiger un rapport d’examen.

— Beaucoup d’ecchymoses et d’entailles, annonça l’autre technicienne qui terminait de chercher des fibres avant de préparer la housse
mortuaire.

— Strangulation ? demanda
Jimmy.

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