Read La Bible du crime (NON FICTION) (French Edition) Online
Authors: Stéphane Bourgoin
Adam Lanza abat vingt-sept personnes, dont vingt enfants, à Newton.
J
ennifer Huettner, institutrice à l’école Sandy Hook de Newton, a bien connu Adam Lanza adolescent. C’est Nancy, sa mère, qui lui donnait des cours à domicile avant qu’elle ne devienne son enseignante. « Il souffrait du syndrome d’Asperger, déclare Jennifer. Il ne voulait pas se mêler aux autres. Notre but était de le remettre dans une salle de classe avec les autres élèves. Sa mère le déposait tous les jours et elle restait dans une salle voisine pendant que je lui donnais des cours. Il avait des troubles obsessionnels compulsifs. Par exemple, il nettoyait tous les jours son bureau avec du gel antiseptique. Il était extrêmement intelligent, il connaissait toujours toutes les réponses, mais il ne disait jamais rien. Je me souviens que le jour où il a fait sa première blague, j’en ai presque pleuré. »
L’année suivante, il a intégré le lycée. « Il me faisait confiance, explique Jennifer. Il a commencé à parler – c’était vraiment un événement. Et il me regardait avec ses grands yeux. Mais ce n’était pas les mêmes yeux que nous voyons depuis la tuerie dans
ces horribles photos. Lycéen, Adam portait toujours les mêmes vêtements, une chemise verte boutonnée jusqu’au col et des pantalons de couleur kaki. Il devait en avoir une pleine réserve. Tous les autres élèves avaient des sacs à dos, lui non. Il s’agrippait à une serviette en cuir qu’il tenait toujours serrée contre sa poitrine. Les couloirs du lycée étaient étroits et Adam ne voulait surtout pas toucher d’autres élèves. Il se déplaçait collé au mur, et il n’a jamais changé d’itinéraire toutes ces années. Il ne s’est jamais mis en colère. Les autres élèves ne l’ont jamais persécuté, ils ont toujours su respecter sa différence. Au bout de trois ans, il a quitté Newton pour s’inscrire à l’université de Western Connecticut mais il n’y est resté que deux ans, jusqu’en 2009, pour s’installer dans le sous-sol de la maison de sa mère. Cela a duré deux ans. Il a dû se passer quelque chose que je ne comprends pas. Le Adam qui a commis cette tuerie n’est pas celui que j’ai connu. C’est très dérangeant. Je connaissais bien sa mère, Nancy, qui aimait beaucoup ses deux enfants. Elle m’invitait souvent à assister à des matchs de base-ball à Boston. C’était une fan des Red Sox. »
Pour Nancy, le maniement des armes apprenait à ses enfants « le sens des responsabilités ». Elle a emmené ses deux fils sur des stands de tir et Adam s’est entraîné à au moins six reprises à se servir d’armes à feu. Selon le quotidien britannique
The Telegraph
, la mère (et première victime d’Adam) était une « survivaliste », qui stockait dans sa maison des vivres et les moyens de se défendre en prévision d’un chaos à venir. « Elle se préparait pour le pire, a déclaré sa belle-sœur. Nancy stockait ses armes dans le sous-sol de sa maison, ainsi que beaucoup de conserves de nourriture. La dernière fois que nous lui avons rendu visite, nous avons parlé de se préparer à ce qui se passerait quand l’économie s’effondrerait. »
Les troubles d’Adam ont démarré peu de temps après le déménagement de ses parents, en 1998, lorsqu’ils ont quitté le New Hampshire et la campagne du nord Massachusetts pour s’installer à Newton, dans le Connecticut – ce que Nancy a qualifié de « grande aventure » familiale. Lorsqu’il réintègre le système scolaire, Adam ne communique toujours pas, son visage est la plupart du temps caché sous une capuche. Son attitude interpelle les administrateurs
du lycée, la seule activité communautaire d’Adam étant le « Tech Club ». Il démonte et réinstalle des ordinateurs avec une grande habileté, tout en participant à des jeux de rôle et des jeux vidéo, notamment
Counter-Strike
, un jeu de «
First Person Shooter
». Adam y a beaucoup joué, en sélectionnant pour armes un M-14, un fusil d’assaut militaire, et un Glock. Le 14 décembre 2012, pour commettre la tuerie de Sandy Hook, Adam se sert d’un fusil d’assaut et d’un Glock. Dot Stasny, une camarade du club, se souvient : « Dès qu’on lui disait bonjour, il se retirait en lui-même, comme un escargot dans sa coquille. Cela le rendait très nerveux. Il était plus jeune que nous et je pense qu’il avait l’impression d’être un marginal. »
Tous les proches des Lanza sont unanimes, les relations entre Adam et sa mère se détérioraient de plus en plus. Les semaines qui ont précédé la tuerie de Sandy Hook, Nancy confiait qu’elle se préparait à un nouveau déménagement, dans l’État de Washington, où elle avait trouvé une école pour Adam. Russell Ford, un ami de Nancy, affirme qu’Adam vivait en reclus dans le sous-sol sans fenêtre, là où sa mère stockait ses armes dans une cache fermée à clé d’une autre pièce. L’antre d’Adam était tapissé d’une grande peinture présentant un cheval et d’innombrables posters militaires de la Seconde Guerre mondiale, avec des chars, des canons, des armes ou des soldats en tenues de combat. D’ailleurs Adam se baladait quelquefois revêtu d’un gilet pare-balles, y compris chez lui. Sa chambre contenait un ordinateur, un écran plat, de nombreux rayonnages remplis de films gore et de jeux vidéo. « Nancy avait la culture des armes dans la peau, explique Ford. Vivre libre ou mourir. Elle avait été élevée comme ça. C’était une fille de la campagne. »
Dès l’âge de 17 ans, Adam rêve de s’engager dans l’armée et notamment les Marines. Quelques semaines avant la tuerie de Newton, il réitère ses vœux auprès de sa mère qui est d’abord favorable à cette décision, déclare Ellen Adriani, une amie de Nancy. « Elle pensait que cela pourrait lui donner un but et le structurer. Mais elle s’est très vite rendu compte que la carrière militaire ne pouvait pas convenir à son fils qui ne supportait pas qu’on le touche physiquement. Nancy a alors complètement “cassé” le rêve de son fils. »
Le déclic a peut-être aussi été provoqué par la décision de Nancy d’envoyer Adam dans un établissement psychiatrique, d’après les dires d’un voisin et proche de la famille : « Adam était totalement bouleversé à cette idée. Il pensait que sa mère voulait se débarrasser de lui. Il était vraiment, mais alors vraiment, très en colère. Je pense que c’est cela qui a tout déclenché. » Pourquoi a-t-il choisi de s’attaquer à cette école en particulier ? Selon Joshua Flashman, un Marine et fils de pasteur, Adam a fréquenté l’école comme élève, et sa mère y a travaillé plusieurs années, comme volontaire à la crèche. Nancy était proche de la directrice et du psychologue de Newton qui ont tous les deux été abattus. « Adam était persuadé qu’elle préférait les enfants de l’école (à lui-même) et que c’était la vraie raison de sa volonté de l’interner contre son gré. Il devenait de plus en plus difficile au fil des ans et elle avait de plus en plus de mal à s’en occuper toute seule. »
Quand Adam restait seul à la maison, il sortait parfois pour faire quelques courses, presque toujours sans parler à quiconque. Plusieurs amis de la famille ont indiqué que son état se détériorait ces derniers temps. « Il était blanc comme un linge. On aurait dit un fantôme. À chaque fois que je le croisais dans le sous-sol, il jouait de manière frénétique à
Call of Duty
. »
La tuerie s’est déroulée le vendredi 14 décembre vers 9 h 30, heure locale. Trois jours auparavant, Nancy Lanza est partie seule prendre quelques jours de vacances à l’Omni Mount Washington Resort, à Bretton Woods, dans le New Hampshire. Comme à son habitude, Nancy avait préparé des plats pour que son fils puisse se nourrir, car elle n’aimait pas qu’il fasse la cuisine seul.
Le jeudi soir, elle rentre à son domicile, situé à environ 350 km de Bretton Woods. Quelques heures plus tard, Adam abat sa mère, avant de tuer vingt enfants et six adultes à l’école Sandy Hook de Newton.
La police de São Paulo identifie treize meurtres d’homosexuels comme étant l’œuvre d’un tueur en série, le « Rainbow Maniac ».
D
epuis juillet 2008, treize meurtres ont eu lieu dans le parc des Paturis, dans la banlieue de São Paulo. Douze victimes ont été abattues par balles et la treizième à coups de gourdin. L’assassin, analyse le chef de la police locale, Paulo Fernando Fortunato, pense qu’il procède à un nettoyage. « Il hait les homosexuels. Nous sommes face à un individu qui s’attaque uniquement aux gays. »
Le 10 décembre 2008, grâce à plusieurs témoignages, les enquêteurs arrêtent un policier à la retraite, Jairo Francisco Franco, que des personnes ont vu abattre de douze balles un homme, le 19 août de la même année.
Suicide de l’actrice Thelma Todd.
L
e suicide de Thelma Todd, qui a tourné avec les Marx Brothers, Zazu Pitts et Laurel et Hardy, laisse un goût amer. Le 16 décembre 1935, elle est retrouvée morte au volant de sa voiture dans un garage fermé. Verdict du jury : « Décès causé par empoisonnement de gaz carbonique. » Elle vit au-dessus du garage avec son amant, le réalisateur Roland West, avec qui elle a ouvert un restaurant très populaire, le
Thelma Todd’s Roadside Rest
. Le soir précédant son suicide, l’actrice se rend à une soirée chez Ida Lupino où elle boit beaucoup ; elle se confie à l’actrice, lui avouant qu’elle trompe Roland West avec un homme d’affaires de San Francisco – ce dernier ne sera jamais identifié. Peut-être une première explication pour cette mort si suspecte.
Car si elle est morte par asphyxie, pourquoi a-t-on retrouvé du sang sur son visage ? Roland West reconnaît s’être disputé
violemment avec l’actrice pendant la nuit. Malgré des explications pour le moins confuses, il sera finalement innocenté. L’avocat de Thelma pense que West est innocent et que le véritable coupable n’est autre que le célèbre gangster Lucky Luciano
1
. En effet, la Mafia cherche alors à implanter des salles de jeux clandestines dans des établissements tout ce qu’il y a de plus légaux de la côte Ouest. Luciano a rendu visite en personne à Thelma Todd en 1935, mais l’actrice aurait refusé net son offre, signant peut-être là son arrêt de mort. Un ouvrage de 1999,
Hot Toddy
, écrit par Andy Edmonds, fait le point sur les différentes théories concernant le « suicide » de l’actrice.
Libération de John Lee, « l’homme qu’on ne pouvait pas pendre ».
A
près vingt-deux ans de prison, la justice anglaise décide de libérer John Lee. Meurtrier en 1884 d’Emma Keyser, John Lee avait été condamné à être pendu. La nuit qui précède son exécution, John Lee rêve qu’il en réchappe. Son rêve se concrétise lorsque, par trois fois, le bourreau James Berry se retrouve incapable de faire fonctionner la trappe sous les pieds du condamné. Chaque fois, il est ramené dans sa cellule de la prison d’Exeter, dans le Devon, dans l’attente qu’on répare l’engin. C’est la pluie incessante qui a fait gonfler le bois de la trappe et rendu impossible son ouverture. Finalement, la peine de mort de John Lee est commuée en réclusion à perpétuité. « L’homme qu’on ne pouvait pas pendre » meurt de sa belle mort aux États-Unis, en 1933, où il avait émigré.
Condamnation de Robert Napper, un tueur en série anglais qui agissait en toute impunité depuis seize ans.
R
achel Nickell, un mannequin de 23 ans, se promène avec son fils Alex et leur chien dans le parc de Wimbledon, très fréquenté en ce matin de juillet 1992. Il y a plusieurs centaines de promeneurs au moment des faits. Le petit Alex est retrouvé en larmes, près du corps horriblement mutilé de sa mère, il lui tient la main, implorant : « Maman, réveille-toi ! »
Ce crime terrorise l’Angleterre. Quelques semaines plus tard, l’émission de téléréalité de la BBC
Crimewatch
bat tous les records d’audience. Un portrait-robot du suspect conduit la police sur la piste de Colin Stagg, un chômeur de 29 ans, vivant près du parc. Ce sera l’une des pires bavures jamais commises par Scotland Yard.
Pour Paul Britton, un
profiler
britannique très connu, Stagg est le suspect idéal. Sur les conseils de cet analyste comportemental, la police déclenche l’« Opération Ezdell » et tente de piéger Colin Stagg, en lui envoyant « Lizzie James », une jeune et jolie détective chargée de le séduire. Cette manœuvre horrifiera le président des Assises : Stagg sera finalement acquitté lors de son procès en septembre 1994 et touchera 750 000 euros de dédommagement pour les quatorze mois passés en prison.
Pendant que Scotland Yard s’acharnait sur Stagg, Robert Napper, un homme qui ressemblait aussi trait pour trait au portrait-robot de l’assassin de Wimbledon, est arrêté pour plusieurs agressions de jeunes femmes. Ce violeur en série a déjà été dénoncé trois ans auparavant par sa propre mère. Il avait même tenté de se suicider après lui avoir avoué l’agression d’une jeune femme. Un an après le meurtre de Wimbledon, Samantha Bisset, une autre jeune mère blonde, est tuée à coups de couteau et éventrée chez elle, devant sa fille Jazmine, 4 ans, qui se fait violer et étouffer.
En 2007, les progrès des techniques de recherche ADN mettront un laboratoire privé sur la piste de Napper, dont on retrouvera
l’empreinte génétique dans cinq affaires de viol et trois meurtres, dont ceux de Rachel Nickell, de Samantha Bisset et de sa fille Jazmine.
Robert Napper, diagnostiqué schizophrène et souffrant du syndrome d’Asperger, est également soupçonné d’avoir commis plus d’une centaine d’agressions sexuelles et une demi-douzaine de meurtres, en l’espace de cinq années.
Le 18 décembre 2008, Napper plaide coupable du meurtre de Rachel Nickell et se voit interner pour une période indéfinie à l’hôpital psychiatrique de Broadmoor.
Identification par Interpol du « Monstre de Machala », un tueur en série responsable de viols et de meurtres en Équateur et en Espagne.
G
ilberto Chamba est le « Monstre de Machala ». Ce tueur et violeur en série a été condamné à seize ans de prison en 1993 pour l’assassinat par strangulation de six femmes. La police est convaincue que Chamba a récidivé dans la ville de Lerida, située au nord-est de l’Espagne. Un homme portant le même nom et ressemblant à Chamba a été arrêté après que ses empreintes sont retrouvées sur un tissu ayant servi à étrangler une étudiante de 21 ans, Maria Isabel Bascunana. La victime est découverte dans le coffre de son propre véhicule, où figurent les empreintes de Chamba.
Le 19 décembre 2004, Interpol confirme l’identification formelle du serial killer. Chamba, âgé de 43 ans, sort de prison en 2000 grâce au « pardon » accordé par les autorités catholiques du pays pour célébrer l’année du Jubilé. Il est l’un des deux cent cinquante détenus à en bénéficier. En vertu de cette grâce, Chamba obtient un passeport, accompagné d’un certificat de « bonne conduite » signé par les autorités judiciaires : il n’a donc plus de casier judiciaire aux yeux des services de l’immigration. En conséquence de quoi, l’Espagne lui octroie un permis de séjour et de travail. En
octobre 2004, il obtient un poste de gardien de parking, près de l’université de Lerida.
Maria Bascunana y est l’objet d’un harcèlement de la part de Chamba dont elle s’est plainte à plusieurs reprises auprès des membres de sa famille. Après la disparition de la jeune femme, Chamba est questionné parmi des dizaines d’autres suspects. Arrêté grâce à l’identification de ses empreintes digitales, lors des interrogatoires, il nie les faits.
Le lien avec le « Monstre de Machala » se fait par le plus grand des hasards. Un journaliste équatorien, en visite en Espagne, reconnaît le nom et la photo du tueur en série dans la presse espagnole et prévient la police. Authentique psychopathe, l’accusé nie l’évidence. Lors d’une conférence de presse en 1993, juste avant son procès, Chamba confesse enfin publiquement ses crimes : « Je les ai violées une fois mortes, pour ma satisfaction personnelle. Je suis coupable et j’ai agi seul. »