Les Poisons de la couronne (34 page)

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Authors: Druon,Maurice

Tags: #Historique

BOOK: Les Poisons de la couronne
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Savoie
(Amédée V, dit le Grand, comte de) (1249-octobre 1323). Deuxième fils de
Thomas II de Savoie, comte de Maurienne (mort en 1259), et de sa deuxième
épouse Béatrice de Fiesque. Succède en 1283 à son oncle Philippe. Épouse en
premières noces Sibylle de Bauge (morte en 1294), et se remarie en 1304 à Marie
de Brabant. En 1307, son fils Edouard épouse Blanche de Bourgogne, sœur de
Marguerite et d’Eudes IV.

Savoie
(Pierre de) ( ?-1332). Archevêque de Lyon (1308). Entré en lutte avec
Philippe le Bel et emmené en captivité par celui-ci en 1310. Consentit à la
réunion du Lyonnais à la couronne en 1312, et retrouva son siège
archiépiscopal.

Seagrave
(Stephen) ( ?-1325). Constable de la Tour de Londres. Emprisonné après
l’évasion de Mortimer et libéré en juin 1324.

Souastre
.
Membre de la ligue féodale d’Artois en révolte contre la comtesse Mahaut.

Stapledon
(Walter) (1261-1326). Professeur de droit canon à Oxford. Évêque
d’Exeter (1307). Trésorier d’Angleterre (1320). Assassiné à Londres.

Stefaneschi
(Jacques Caëtani de) ( ?-juin 1341). Créé cardinal par
Boniface VIII le 17 décembre 1295.

Sully
(Henri de) ( ?-vers 1336). Fils d’Henri III, sire de Sully (mort en
1285) et de Marguerite de Beaumetz. Époux de Jeanne de Vendôme. Grand
bouteiller de France à partir de 1317.

Talleyrand
(Archambaud de), comte de Périgord ( ?-1397). Fils de
Roger-Bernard et d’Éléonore de Vendôme. Succéda à son père en 1361. Étant passé
au service de l’Angleterre, fut banni et ses biens rattachés au domaine royal.

Tolomei
(Spinello).
Chef en France de la Compagnie siennoise des Tolomei, fondée au XII
e
siècle par Tolomeo Tolomei et rapidement enrichie par le commerce international
et le contrôle des mines d’argent en Toscane. Il existe toujours à Sienne un
palais Tolomei.

Trye
(Mathieu de). Seigneur de Fontenay et de Plainville-en-Vexin. Grand panetier
(1298) puis chambellan de Louis Hutin, et grand chambellan de France à partir
de 1314.

Trye
(Mathieu de) ( ?-1344). Neveu du précédent. Seigneur d’Araines et de
Vaumain. Maréchal de France vers 1320. Lieutenant général en Flandre (1342).

Valois
(Charles de) (12 mars 1270-décembre 1325). Fils de Philippe III le Hardi
et de sa première épouse, Isabelle d’Aragon. Frère de Philippe IV le Bel.
Armé chevalier à quatorze ans. Investi du royaume d’Aragon par le légat du
pape, la même année, il n’en put jamais occuper le trône et renonça au titre en
1295. Comte apanagiste d’Anjou, du Maine et du Perche (mars 1290) par son
premier mariage avec Marguerite d’Anjou-Sicile ; empereur titulaire de
Constantinople par son second mariage (janvier 1301) avec Catherine de
Courtenay, fut créé comte de Romagne par le pape Boniface VIII. Épousa en
troisièmes noces (1308) Mahaut de Châtillon-Saint-Pol. De ses trois mariages,
il eut de très nombreux enfants ; son fils aîné fut Philippe VI,
premier roi de la lignée Valois. Il mena campagne en Italie pour le compte du
pape en 1301, commanda deux expéditions en Aquitaine (1297 et 1324) et fut
candidat à l’empire d’Allemagne. Mort à Nogent-le-Roi et enterré à l’église des
Jacobins à Paris.

Valois
(Jeanne de), comtesse de Beaumont (vers 1304-1363). Fille du précédent et de sa
seconde épouse, Catherine de Courtenay. Demi-sœur de Philippe VI, roi de
France, Épouse de Robert d’Artois, comte de Beaumont-le-Roger (1318). Enfermée,
avec ses trois fils, à Château-Gaillard après le bannissement de Robert, puis
rentrée en grâce.

Valois
(Jeanne de), comtesse de Hainaut (vers 1295-1352). Fille de Charles de Valois
et de sa première épouse, Marguerite d’Anjou-Sicile. Sour de Philippe VI,
roi de France, Épouse (1305) de Guillaume, comte de Hainaut, de Hollande et de
Zélande, et mère de Philippa, reine d’Angleterre.

Via
(Arnaud de) ( ?-1335). Évêque d’Avignon (1317). Créé cardinal par
Jean XXII en juin 1317.

Warenne
(John de) (1286-1344). Comte de Surrey et de Sussex. Beau-frère de John
Fitzalan, comte d’Arundel. Chevalier et membre du Parlement dès 1306. Resté
fidèle au roi Edouard II, il fut cependant membre du Conseil de régence
d’Edouard III.

Watriquet Brasseniex
, dit de Couvin. Originaire de Couvin, en Hainaut, village proche de
Namur. Ménestrel attaché aux grandes maisons de la famille Valois, acquit une
réelle célébrité pour ses lais composés entre 1319 et 1329. Ses œuvres furent
conservées dans de jolis manuscrits enluminés, exécutés sous sa direction pour
les princesses de son temps.

 

Maurice DRUON
de l’Académie française

Notice biographique.

 

Né le 23 avril 1918 à Paris, Maurice
Druon dont les origines familiales se partagent entre le Languedoc, les
Flandres, le Brésil et la Russie, est marqué par une solide hérédité
littéraire ; puisqu’il est arrière-neveu du poète Charles Cros et neveu de
Joseph Kessel.

Enfance en Normandie ; études
secondaires au lycée Michelet ; lauréat du Concours général. Puis École
des sciences politiques. Dès l’âge de dix-huit ans, il publie dans des revues
et journaux littéraires.

Sorti aspirant de l’École de
cavalerie de Saumur, au début de 1940, il prend part à la bataille de France.
Démobilisé après l’armistice, il se replie en zone libre, où il fait
représenter sa première pièce,
Mégarée.
C’est à cette époque qu’il entre
en contact avec la Résistance. Il s’évadera de France, en 1942, traversant
clandestinement l’Espagne et le Portugal, pour rejoindre les Forces Françaises
Libres du général de Gaulle, à Londres. Aide de camp du général d’Astier de La
Vigerie, puis animateur du poste Honneur et Patrie et attaché au commissariat à
l’Intérieur, il compose alors, avec son oncle Joseph Kessel, les paroles du
Chant des Partisans, qui sera l’hymne de la Résistance. Dans le même temps, il
écrit son premier essai : les
Lettres d’un Européen
, qui font de
lui l’un des devanciers de l’Union européenne. Correspondant de guerre auprès
des armées alliées jusqu’à la fin des hostilités.

À partir de 1946, il se consacre à
la littérature, sans toutefois cesser de s’intéresser aux affaires publiques.
Prix Concourt en 1948, pour
Les Grandes Familles
, puis Prix Prince
Pierre de Monaco pour l’ensemble de son œuvre après le succès des
Rois
maudits
, il est élu à quarante-huit ans, en 1966, à l’Académie française où
il succède à Georges Duhamel.

Sa fidélité à la morale gaulliste
l’amènera à assumer les fonctions de ministre des Affaires culturelles de 1973
à 1974, puis de député de Paris de 1978 à 1981, en même temps que celles de
représentant de la France au Conseil de l’Europe et de député au Parlement
européen.

Depuis novembre 1985, Maurice Druon
est Secrétaire perpétuel de l’Académie française, où son action soutient
l’essor de la Francophonie.

Il est également membre de
l’Académie du Royaume du Maroc, de l’Académie d’Athènes et de l’Académie des
Sciences de Lisbonne.

 

 

 

[1]
Un certain nombre d’études et de témoignages incitent à conclure que
l’ordre des Templiers survécut, de façon occulte et diffuse, pendant plusieurs
siècles. On cite les noms de grands-maîtres secrets jusqu’au XV
ème
siècle. Il paraît à tout le moins évident que les Templiers, dans les années
qui suivirent immédiatement la destruction de leur ordre, cherchèrent à se
regrouper clandestinement. Jean de Longwy, neveu de Jacques de Molay, qui avait
juré de venger la mémoire de son oncle sur les terres du comte de Bourgogne
(c’est-à-dire de Philippe de Poitiers), fut le chef de cette organisation.

[2]
— Regarde comme elle est belle !

— Adieu Madame Clémence, soyez
heureuse !

— Que Dieu bénisse notre princesse !

— Ne nous oubliez pas !

[3]
À cette époque, la messe qu’on célébrait à bord des navires, au pied
du grand mât, était une messe particulière dite messe aride parce que sans
consécration ni communion. Cette forme liturgique inaccoutumée était probablement
due à la crainte que le mal de mer ne fît rejeter l’hostie.

[4]
Le
marc
était une mesure
de poids
équivalente à 8 onces, soit une demi livre, c’est-à-dire approximativement
244 
grammes.

[5]
L’organisation des établissements hospitaliers était généralement inspirée
des statuts de l’Hôtel-Dieu de Paris.

L’hôpital était dirigé par un ou
deux proviseurs, choisis par les chanoines de la cathédrale de la ville. Le
personnel hospitalier se recrutait parmi des volontaires, après examen sévère
par les proviseurs. À l’Hôtel-Dieu de Paris, ce personnel se composait de
quatre prêtres, quatre clercs, trente frères et vingt-cinq sœurs. On
n’admettait pas de maris et femmes parmi les volontaires. Les frères avaient la
même tonsure que les Templiers ; les sœurs avaient les cheveux coupés
comme les religieuses.

La règle imposée aux
« hospitaliers » était d’une très grande sévérité. Frères et sœurs
devaient promettre de garder la chasteté et de vivre dans le renoncement à tout
bien. Aucun frère ne pouvait communiquer avec une sœur sans la permission du
« maître » ou de la « maîtresse » nommés par les proviseurs
pour diriger le personnel. Il était interdit aux sœurs de laver la tête ou les
pieds des frères ; ces services n’étaient rendus qu’aux malades alités.
Des châtiments corporels pouvaient être appliqués aux frères par le maître, et
aux sœurs par la maîtresse. Aucun frère ne pouvait sortir seul dans la ville,
ni avec un compagnon qui ne fût pas désigné par le maître ; ce règlement
était le même pour les sœurs. Le personnel hospitalier n’avait pas le droit de
recevoir des hôtes. Frères et sœurs ne pouvaient prendre que deux repas par
jour, mais devaient offrir aux malades de la nourriture aussi souvent qu’ils en
avaient besoin. Chaque frère devait coucher seul, vêtu d’une tunique de toile
ou de laine et d’un caleçon ; les sœurs également. Si un frère ou une
sœur, à l’heure de sa mort, était trouvé en possession d’un bien ou d’un objet
quelconque qu’il n’avait pas montré au maître ou à la maîtresse pendant le
cours de sa vie, on ne devait faire pour lui aucun service religieux, et il
était enseveli comme un excommunié.

L’entrée de l’hôpital était
interdite à toute personne ayant avec elle un chien ou un oiseau.

Tout malade se présentant à
l’hôpital était d’abord examiné par le « chirurgien de la porte » qui
l’inscrivait sur un registre. Puis on lui attachait au bras un petit billet sur
lequel étaient inscrits son nom et la date de son arrivée. Il recevait la
communion ; ensuite on le portait au lit, et il était traité « comme
le maître de la maison ».

L’hôpital devait toujours être
pourvu de plusieurs robes de chambre fourrées et de plusieurs paires de
chaussures, également fourrées, pour le « réchauffement » des
malades.

Après guérison, et de crainte de
rechute, le malade restait sept jours pleins à l’hôpital.

Les médecins, qu’on appelait
mires,
ou
physiciens
, portaient, ainsi que les chirurgiens, un costume
distinctif. Les médicaments étaient préparés à l’apothicairerie de l’hôpital
selon les indications du mire et du chirurgien.

L’hôpital accueillait non seulement
les personnes atteintes de maladies passagères, mais aussi des infirmes.

La comtesse Mahaut d’Artois fit, à
l’hôpital d’Arras, une fondation de dix lits garnis de matelas, oreillers,
draps et couvertures, pour y coucher dix pauvres infirmes. Dans l’inventaire de
cet hôpital, on trouve plusieurs grandes cuves de bois servant de baignoires,
des bassins « pour mettre en dessous les pauvres en leur lit », de
nombreuses cuvettes, plats à barbe, etc. La même comtesse d’Artois fonda
également l’hôpital d’Hesdin.

[6]
Les seigneurs souverains de Viennois portaient le nom de
« dauphin » à cause du dauphin qui ornait leur casque et leurs armes,
d’où la désignation de Dauphiné donnée à l’ensemble de la région sur laquelle
ils exerçaient leur souveraineté, et qui comprenait : le Grésivaudan, le
Roannez, le Champsaur, le Briançonnais, l’Embrunois, le Gapençais, le Viennois,
le Valentinois, le Diois, le Tricastinois, et la principauté d’Orange.

Au début du XIV
ème
siècle
la souveraineté était exercée par la troisième Maison des dauphins de Vienne,
celle de la Tour du Pin. Ce ne fut qu’à la fin du règne de Philippe VI de
Valois, par les traités de 1343 et 1349, que le Dauphiné fut cédé par
Humbert II à la couronne de France, sous condition que le fils aîné des
rois de France prendrait désormais le titre de dauphin.

[7]
Par extension de sens du mot latin
hostis,
ennemi, le terme
d’ost servait à désigner une armée et particulièrement l’armée royale.

[8]
Dans les premiers jours de juillet 1315, Louis X rendit deux
ordonnances sur les Lombards. La première stipulait que les
« casaniers », autrement dit résidents, italiens devraient payer un
sou à la livre sur leurs marchandises, moyennant quoi ils seraient exemptés
d’ost, de chevauchée et de toute subvention militaire. C’était donc là une taxe
exceptionnelle de cinq pour cent.

La deuxième ordonnance, en date du 9
juillet, constituait un règlement général sur la résidence et le commerce des
marchands italiens. Toutes les transactions d’or et d’argent en masse ou en
billon, toutes les ventes, tous les achats, échanges de marchandises diverses
étaient soumis à un impôt variant de un à quatre deniers par livre selon les
régions et selon que le commerce était exercé sur les foires ou hors des
foires. Les Italiens n’étaient plus autorisés à avoir de domicile fixe que dans
les quatre villes de Paris, Saint-Omer, Nîmes, et La Rochelle. Il ne semble pas
que cette dernière disposition ait jamais été scrupuleusement appliquée, mais
les dérogations durent être d’assez bon rapport, soit pour les villes, soit
pour le Trésor. Des courtiers, nommés par l’administration royale, étaient
chargés de surveiller les activités commerciales des Lombards.

[9]
La légende qui voulait que les Capétiens descendissent d’un riche
boucher de Paris fut répandue en France par la
Chanson de geste de Hugues
Capet
, pamphlet composé aux premières années du XIV
ème
siècle et
vite oublié, sauf par Dante et plus tard par François Villon.

Dante
accuse également Hugues Capet d’avoir déposé l’héritier légitime et de l’avoir
enfermé dans un cloître. C’est là une confusion entre la fin des Mérovingiens
et la fin des Carolingiens ; ce fut en effet le dernier roi de la première
dynastie, Chilpéric III, qui fut enfermé dans un couvent. Le dernier descendant
légitime de Charlemagne, à la mort de Louis V le Fainéant, était le duc
Charles de Lorraine, qui voulut disputer le trône à Hugues Capet ; et ce
n’est pas au cloître que le duc de Lorraine finit, mais dans une prison où
l’avait jeté le duc de France.

Lorsque, au XVI
ème
siècle, François I
er
, se faisant lire sur le conseil de sa sœur
la
Divine Comédie
, entendit le passage concernant les Capétiens, il arrêta le
lecteur, s’écria : « Ah ! Le méchant poète qui honnit ma
maison ! », et refusa d’écouter davantage.

[10]
En fait, étant entré le 1
er
novembre 1301 dans Florence que
déchiraient les dissensions entre Guelfes et Gibelins, Charles de Valois livra
la ville aux vengeances des partisans du pape. Puis vinrent les décrets de
bannissement. Dante, gibelin notoire et inspirateur de la résistance, avait
fait partie, l’été précédent, du conseil de la Seigneurie ; puis, ayant
été envoyé en ambassade à Rome, il y avait été retenu en otage. Il fut condamné
par un tribunal florentin, le 27 janvier 1302, à deux ans d’exil et 5000 livres
d’amende, sous l’accusation fausse de prévarication dans l’exercice de sa
charge. Le 10 mars suivant, on lui fit un nouveau procès et il fut condamné
cette fois à être brûlé vif. Heureusement pour lui, il n’était pas à Florence,
non plus qu’à Rome d’où il était parvenu à s’échapper ; mais jamais plus
il ne devait revoir sa patrie. On comprend aisément qu’il ait gardé à Charles
de Valois et, par extension, à tous les princes français, une rancune tenace.

[11]
Particulièrement révéré en Artois, Cambrésis et Hainaut, saint Druon
était né en 1118 à Épinoy qui dépendait alors du diocèse de Tournai avant de
dépendre de celui d’Arras. Saint Druon vint au jour grâce à une césarienne
pratiquée sur le corps de sa mère déjà morte. Montrant dès ses jeunes années de
grandes dispositions pour la piété, il fut en butte à la cruauté des autres
enfants qui le traitaient d’assassin de sa mère. Se croyant coupable, il
s’adonna à toutes les pratiques d’expiation, afin de se racheter de ce crime
involontaire. À dix-sept ans, il renonça à la vie seigneuriale, distribua les
biens considérables qu’il avait hérités, et s’engagea comme berger chez une
veuve nommée Élisabeth Lehaire, au village de Sebourg, dans le comté de
Hainaut, à treize kilomètres de Valenciennes. Il avait si grand amour des bêtes
et les soignait si bien que tous les habitants du village lui demandèrent de
garder leurs brebis en même temps que celles de la veuve Lehaire. C’est alors
que les anges commencèrent à garder son troupeau pendant qu’il allait écouter la
messe…

Puis il entreprit le pèlerinage de
Rome, y prit goût, et le fit neuf fois de suite. Mais il dut renoncer aux
voyages, souffrant d’une « rupture des intestins », mal qu’il
supporta, paraît-il, pendant quarante ans, refusant de se laisser panser. En
dépit de l’assez mauvaise odeur qu’il répandait, ses vertus attirèrent à lui
nombre de pénitents de la région. Il demanda qu’on lui construisît contre
l’église de Sebourg une logette d’où il pouvait avoir vue sur le tabernacle, et
fit vœu de n’en pas sortir jusqu’à la fin de sa vie. Il tint fidèlement ce vœu,
même le jour où l’église flamba, et la cabane aussi ; et l’on vit bien
qu’il était saint lorsque le feu l’épargna.

Il mourut le 16 avril 1189. De
plusieurs lieues à la ronde, le peuple accourut en larmes pour lui baiser les
pieds et emporter quelques morceaux du misérable vêtement qui le couvrait. Ses
parents, les seigneurs d’Épinoy, voulurent rapporter son corps dans son village
natal, mais le char où l’on avait placé la dépouille s’immobilisa à la sortie
de Sebourg, et tous les chevaux que l’on amena en renfort furent incapables de
le faire avancer d’un pas. On fut donc obligé de laisser le corps du saint là
où il était mort.

Sa célébrité fut grandement accrue
par la guérison miraculeuse du comte de Hainaut et de Hollande, lequel,
souffrant horriblement de la gravelle, fit le pèlerinage de Sebourg et, à peine
s’était-il agenouillé devant le tombeau de saint Druon, pour réciter une
prière, rejeta « trois pierres de la grosseur d’une noix ».

La fête du saint est encore
traditionnellement célébrée le lundi de la Pentecôte, en l’église paroissiale
et au puits de Saint-Druon, à Carvin-Épinoy.

[12]
La date exacte du second mariage de Louis X est controversée.
Certains auteurs le fixent au 3 août, d’autres au 13, ou même au 19. De même
pour la date du sacre, qui varie selon les textes entre le 19, 21 et 24 août.
Le recueil des ordonnances des rois de France, qui ne fut imprimé qu’au XV
ème
siècle, et dont la chronologie est loin d’être certaine, tendrait à établir que
le roi se trouvait le 3 août à Reims, le 6 et le 7 à Soissons et le 18 à Arras.
Or, étant donné que Louis X avait pris l’oriflamme à Saint-Denis le 24
juillet, il paraît matériellement impossible, si brève qu’ait été l’expédition
de Flandre, qu’il ait eu le temps de revenir de l’ost boueux et d’arriver dans
la région champenoise avant le 10 août.

Nous avons retenu la date du 13
août, donnée par le Père Anselme, comme la plus plausible, car, le sacre devant
toujours avoir lieu un dimanche ou un jour de grande fête religieuse, nous
pensons que Louis X fut couronné, soit le 15 août, soit le dimanche 18
août ; nous savons d’autre part que les fêtes données à cette occasion
s’étendaient sur plusieurs jours, ce qui explique assez bien le flottement des
dates.

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