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Authors: Druon,Maurice

Tags: #Historique

La Reine étranglée (35 page)

BOOK: La Reine étranglée
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Phœbus
(Gaston III, dit), comte de Foix et de Béarn (1331-octobre 1391). Fils de
Gaston II et d’Éléonore de Comminges. Petit-fils de Jeanne d’Artois, sœur
de Robert. Couronné à la mort de son père (1344). Participe à la bataille de
Crécy. Nommé par Philippe VI Co lieutenant en Languedoc (1347). Épouse
(1349) Agnès d’Évreux-Navarre, sœur de Charles le Mauvais. Tenait une cour
fastueuse à Orthez. En 1382, frappe mortellement son fils unique. À sa mort, en
1391, ses terres reviennent à la couronne de France.

Ployebouche
(Jean). Prévôt de Paris de 1309 à fin mars 1316.

Pouget ou Poyet
(Bertrand de) ( ?-1352). Neveu du pape Jean XXII et créé
cardinal par lui en décembre 1316.

Prato
(Nicolas Alberti de) ( ?-avril 1321). Évêque de Spolète, puis d’Ostie
(1303). Créé cardinal par Benoît XI le 18 décembre 1303. Mort en Avignon.

Pré
(Jehan du). Ancien Templier ; s’employait comme domestique à Valence en
1316. Fut impliqué avec le clerc et ancien Templier Evrard dans la tentative
d’envoûtement du roi Louis V par le cardinal Caëtani.

Presles
(Raoul I
er
de) ou de Prayères ( ?-1331). Seigneur de
Lizy-sur-Ourcq. Avocat. Secrétaire de Philippe le Bel (1311). Emprisonné à la
mort de ce dernier, mais rentré en grâce dès la fin du règne de Louis V.
Gardien du conclave de Lyon en 1316. Anobli par Philippe V, chevalier
poursuivant de ce roi et membre de son Conseil. Fonda le collège de Presles.

Reynolds
(Walter) ( ?-1327). Trésorier (1307). Evêque de Worcester (1307). Gardien du
sceau (1310-1314). Un des principaux conseillers d’Edouard II, il prit le
parti d’Isabelle en 1326. Couronna Edouard III, dont il était parrain.

Robert
,
roi de Naples (vers 1278-1344). Troisième fils de Charles II d’Anjou, dit
le Boiteux, et de Marie de Hongrie, Duc de Calabre en 1296. Vicaire général du
royaume de Sicile (1296). Désigné comme héritier du royaume de Naples (1297).
Prince de Salerne (1304). Roi en 1309. Couronné en Avignon par le pape
Clément V. Prince érudit, poète et astrologue, il épousa en premières
noces Yolande (ou Violante) d’Aragon, morte en 1302 ; puis Sacia, fille du
roi de Majorque (1304).

Roger
(Pierre) (voir Clément VI, pape).

Saint-Pol
(Guy de Châtillon, comte de) ( ?-avril 1317). Fils de Guy IV
et de Mahaut de Brabant. Épousa Marie de Bretagne (1292), fille du duc
Jean II et de Béatrice d’Angleterre. Grand bouteiller (1296). Exécuteur
testamentaire de Louis V et membre du conseil de régence. Père de Mahaut,
troisième épouse de Charles de Valois.

Saisset
(Bernard de). Abbé de Saint-Antoine de Pamiers. Boniface VIII créa pour
lui l’évêché de Pamiers (1295). En conflit avec la couronne, il fut arrêté et
comparut à Senlis, en octobre 1301. Son procès amena la rupture entre
Philippe IV et le pape Boniface VIII.

Savoie
(Amédée V, dit le Grand, comte de) (1249-octobre 1323). Deuxième fils de
Thomas II de Savoie, comte de Maurienne (mort en 1259), et de sa deuxième
épouse Béatrice de Fiesque. Succède en 1283 à son oncle Philippe. Épouse en
premières noces Sibylle de Bauge (morte en 1294), et se remarie en 1304 à Marie
de Brabant. En 1307, son fils Edouard épouse Blanche de Bourgogne, sœur de
Marguerite et d’Eudes IV.

Savoie
(Pierre de) ( ?-1332). Archevêque de Lyon (1308). Entré en lutte avec
Philippe le Bel et emmené en captivité par celui-ci en 1310. Consentit à la
réunion du Lyonnais à la couronne en 1312, et retrouva son siège
archiépiscopal.

Seagrave
(Stephen) ( ?-1325). Constable de la Tour de Londres. Emprisonné après
l’évasion de Mortimer et libéré en juin 1324.

Souastre
.
Membre de la ligue féodale d’Artois en révolte contre la comtesse Mahaut.

Stapledon
(Walter) (1261-1326). Professeur de droit canon à Oxford. Evêque
d’Exeter (1307). Trésorier d’Angleterre (1320). Assassiné à Londres.

Stefaneschi
(Jacques Caëtani de) ( ?-juin 1341). Créé cardinal par
Boniface VIII le 17 décembre 1295.

Sully
(Henri de) ( ?-vers 1336). Fils d’Henri III, sire de Sully (mort en
1285) et de Marguerite de Beaumetz. Époux de Jeanne de Vendôme. Grand
bouteiller de France à partir de 1317.

Talleyrand
(Archambaud de), comte de Périgord ( ?-1397). Fils de
Roger-Bernard et d’Éléonore de Vendôme. Succéda à son père en 1361. Étant passé
au service de l’Angleterre, fut banni et ses biens rattachés au domaine royal.

Tolomei
(Spinello).
Chef en France de la Compagnie siennoise des Tolomei, fondée au XII
e
siècle par Tolomeo Tolomei et rapidement enrichie par le commerce international
et le contrôle des mines d’argent en Toscane. Il existe toujours à Sienne un
palais Tolomei.

Trye
(Mathieu de). Seigneur de Fontenay et de Plainville-en-Vexin. Grand panetier
(1298) puis chambellan de Louis Hutin, et grand chambellan de France à partir
de 1314.

Trye
(Mathieu de) ( ?-1344). Neveu du précédent. Seigneur d’Araines et de
Vaumain. Maréchal de France vers 1320. Lieutenant général en Flandre (1342).

Valois
(Charles de) (12 mars 1270-décembre 1325). Fils de Philippe III le Hardi
et de sa première épouse, Isabelle d’Aragon. Frère de Philippe IV le Bel.
Armé chevalier à quatorze ans. Investi du royaume d’Aragon par le légat du
pape, la même année, il n’en put jamais occuper le trône et renonça au titre en
1295. Comte apanagiste d’Anjou, du Maine et du Perche (mars 1290) par son
premier mariage avec Marguerite d’Anjou-Sicile ; empereur titulaire de
Constantinople par son second mariage (janvier 1301) avec Catherine de
Courtenay, fut créé comte de Romagne par le pape Boniface VIII. Épousa en
troisièmes noces (1308) Mahaut de Châtillon-Saint-Pol. De ses trois mariages,
il eut de très nombreux enfants ; son fils aîné fut Philippe VI, premier
roi de la lignée Valois. Il mena campagne en Italie pour le compte du pape en
1301, commanda deux expéditions en Aquitaine (1297 et 1324) et fut candidat à
l’empire d’Allemagne. Mort à Nogent-le-Roi et enterré à l’église des Jacobins à
Paris.

Valois
(Jeanne de), comtesse de Beaumont (vers 1304-1363). Fille du précédent et de sa
seconde épouse, Catherine de Courtenay. Demi-sœur de Philippe VI, roi de
France, Épouse de Robert d’Artois, comte de Beaumont-le-Roger (1318). Enfermée,
avec ses trois fils, à Château-Gaillard après le bannissement de Robert, puis
rentrée en grâce.

Valois
(Jeanne de), comtesse de Hainaut (vers 1295-1352). Fille de Charles de Valois
et de sa première épouse, Marguerite d’Anjou-Sicile. Sour de Philippe VI,
roi de France, Épouse (1305) de Guillaume, comte de Hainaut, de Hollande et de
Zélande, et mère de Philippa, reine d’Angleterre.

Via
(Arnaud de) ( ?-1335). Évêque d’Avignon (1317). Créé cardinal par
Jean XXII en juin 1317.

Warenne
(John de) (1286-1344). Comte de Surrey et de Sussex. Beau-frère de John
Fitzalan, comte d’Arundel. Chevalier et membre du Parlement dès 1306. Resté
fidèle au roi Edouard II, il fut cependant membre du Conseil de régence
d’Edouard III.

Watriquet Brasseniex
, dit de Couvin. Originaire de Couvin, en Hainaut, village proche de
Namur. Ménestrel attaché aux grandes maisons de la famille Valois, acquit une
réelle célébrité pour ses lais composés entre 1319 et 1329. Ses œuvres furent
conservées dans de jolis manuscrits enluminés, exécutés sous sa direction pour
les princesses de son temps.

 

Maurice DRUON
de l’Académie française

Notice biographique.

 

Né le 23 avril 1918 à Paris, Maurice
Druon dont les origines familiales se partagent entre le Languedoc, les
Flandres, le Brésil et la Russie, est marqué par une solide hérédité
littéraire ; puisqu’il est arrière-neveu du poète Charles Cros et neveu de
Joseph Kessel.

Enfance en Normandie ; études
secondaires au lycée Michelet ; lauréat du Concours général. Puis École
des sciences politiques. Dès l’âge de dix-huit ans, il publie dans des revues
et journaux littéraires.

Sorti aspirant de l’École de
cavalerie de Saumur, au début de 1940, il prend part à la bataille de France.
Démobilisé après l’armistice, il se replie en zone libre, où il fait
représenter sa première pièce,
Mégarée.
C’est à cette époque qu’il entre
en contact avec la Résistance. Il s’évadera de France, en 1942, traversant
clandestinement l’Espagne et le Portugal, pour rejoindre les Forces Françaises
Libres du général de Gaulle, à Londres. Aide de camp du général d’Astier de La
Vigerie, puis animateur du poste Honneur et Patrie et attaché au commissariat à
l’Intérieur, il compose alors, avec son oncle Joseph Kessel, les paroles du
Chant des Partisans, qui sera l’hymne de la Résistance. Dans le même temps, il écrit
son premier essai : les
Lettres d’un Européen
, qui font de lui l’un
des devanciers de l’Union européenne. Correspondant de guerre auprès des armées
alliées jusqu’à la fin des hostilités.

À partir de 1946, il se consacre à
la littérature, sans toutefois cesser de s’intéresser aux affaires publiques.
Prix Concourt en 1948, pour
Les Grandes Familles
, puis Prix Prince
Pierre de Monaco pour l’ensemble de son œuvre après le succès des
Rois
maudits
, il est élu à quarante-huit ans, en 1966, à l’Académie française où
il succède à Georges Duhamel.

Sa fidélité à la morale gaulliste
l’amènera à assumer les fonctions de ministre des Affaires culturelles de 1973
à 1974, puis de député de Paris de 1978 à 1981, en même temps que celles de
représentant de la France au Conseil de l’Europe et de député au Parlement
européen.

Depuis novembre 1985, Maurice Druon
est Secrétaire perpétuel de l’Académie française, où son action soutient
l’essor de la Francophonie.

Il est également membre de
l’Académie du Royaume du Maroc, de l’Académie d’Athènes et de l’Académie des
Sciences de Lisbonne.

 

[1]
Au début du XIV
ème
siècle, les trois premiers officiers de
la couronne étaient : le
connétable de France
, chef suprême des
armées ; le
chancelier de France
qui administrait la justice, les
affaires ecclésiastiques et les affaires étrangères ; le
souverain
maître
de l’hôtel
de la maison du roi.

Le
connétable
siégeait de
droit au Conseil étroit ; il avait sa chambre à la Cour et devait suivre
le roi dans tous ses déplacements. Il recevait en temps de paix, en dehors des
prestations en nature, 25 sous parisis par jour et 10 livres à chaque fête. En
période d’hostilités ou simplement pendant les déplacements du roi, ce
traitement était doublé. En outre, pour chaque jour de combat où le roi chevauchait
avec l’armée, le connétable recevait 100 livres supplémentaires.

Tout ce qui se trouvait dans les
forteresses ou châteaux pris à l’ennemi appartenait au connétable, à
l’exception de l’or et des prisonniers qui étaient au roi. Parmi les chevaux
enlevés à l’adversaire, il choisissait aussitôt après le roi. Si ce dernier
n’était pas présent lors de la prise d’une forteresse, c’était la bannière du
connétable que l’on hissait. Sur le champ de bataille, le roi lui-même ne
pouvait décider de charger ni d’attaquer sans avoir pris conseil et ordres du
connétable. Celui-ci encore assistait obligatoirement au sacre où il portait
l’épée devant le roi.

Sous les règnes de Philippe le Bel
et de ses trois fils, ainsi que pendant la première année du règne de
Philippe VI de Valois, le connétable de France fut Gaucher de Châtillon,
comte de Porcien, qui devait mourir octogénaire en 1329.

Le
chancelier de France
,
assisté d’un vice-chancelier et de notaires qui étaient des clercs de la
chapelle royale, avait charge de préparer la rédaction des actes et d’y apposer
le sceau royal dont il était gardien, d’où son titre également de garde des
Sceaux. Il siégeait au Conseil étroit et à l’Assemblée des pairs. Il était le
chef de la magistrature, présidait toutes les commissions judiciaires et
portait la parole au nom du roi dans les lits de justice.

Le chancelier, par tradition, était
un ecclésiastique. Lorsque, en 1307, Philippe le Bel destitua son chancelier,
l’évêque de Narbonne, et remit les sceaux à Guillaume de Nogaret, celui-ci,
n’étant pas homme d’Église, ne reçut pas le titre de chancelier mais celui créé
à son intention de « secrétaire général du royaume », tandis que
Marigny était fait « coadjuteur et recteur général du royaume ».

Le chancelier de Louis X fut,
dès le commencement de l’année 1315, Étienne de Mornay, chanoine d’Auxerre et
de Soissons, précédemment chancelier du comte de Valois.

Le
souverain maître de l’hôtel
,
appelé plus tard
grand
maître de France
, commandait à tout le
personnel noble et roturier au service du souverain ; il avait sous ses
ordres
l’argentier
, qui tenait les comptes de la maison royale et
l’inventaire du mobilier, des étoffes et de la garde-robe. Il siégeait au
Conseil.

Venaient ensuite, parmi les grands
officiers de la couronne : le
grand maître des arbalétriers
, qui
dépendait du connétable, et le
grand chambellan
.

Le grand chambellan
avait soin des armes et vêtements du roi ; il devait se tenir
auprès de lui tant de jour que de nuit « quand la reine n’y était
pas ». Il avait la garde du sceau secret, pouvait recevoir les hommages au
nom du roi et faire prêter serment de fidélité. Il organisait les cérémonies où
le roi armait de nouveaux chevaliers, administrait la cassette privée,
assistait à l’assemblée des pairs. Parce qu’il était chargé de la garde-robe
royale, il avait juridiction sur les merciers et tous les métiers du vêtement,
et commandait au fonctionnaire nommé « roi des merciers » qui
vérifiait les poids et mesures, balances et aunages.

D’autres charges enfin, survivance
de fonctions tombées en désuétude, n’étaient plus qu’honorifiques mais
donnaient toutefois accès au Conseil du roi ; telles étaient les charges
de
grand chambrier
,
grand bouteiller
et
grand panetier
,
tenues respectivement à l’époque qui nous occupe par Louis I
er
de
Bourbon, le comte de Châtillon Saint-Paul, et Bouchard de Montmorency.

[2]
Philippe le Bel avait légué son cœur, ainsi que la grande croix d’or
des Templiers, au monastère des dominicains de Poissy, Cœur et croix
disparurent, la nuit du 21 juillet 1695, dans un incendie provoqué par la
foudre.

[3]
Il était habituel au Moyen Âge de garder une lampe allumée la nuit
au-dessus du lit. Cette pratique était destinée à écarter les mauvais esprits.

[4]
Les lettres patentes conférant l’apanage de la Marche à Charles de
France et la pairie à Philippe de Poitiers furent respectivement délivrées en
mars et août 1315.

[5]
La maison d’Anjou-Sicile est si liée à l’histoire de la monarchie
française au XIV
ème
siècle, et interviendra si souvent au cours de
ce récit, qu’il nous semble nécessaire de rappeler au lecteur certaines
précisions concernant cette famille.

En 1246, Charles, comte apanagiste
de Valois et du Maine, fils de Louis VIII et septième frère de Saint
Louis, avait épousé la comtesse Béatrix qui lui apportait, selon l’expression
de Dante : « la grande dot de Provence ». Choisi par le
Saint-Siège comme champion de l’Église en Italie, il fut couronné roi de Sicile
à Saint-Jean-de-Latran, en 1265.

Telle fut l’origine de cette branche
de la famille capétienne connue sous le nom d’Anjou-Sicile, et dont les
possessions et les alliances s’étendirent rapidement sur l’Europe.

Le fils de Charles I
er
d’Anjou, Charles II dit le Boiteux (1250-1309), roi de Naples, de Sicile
et de Jérusalem, duc des Fouilles, prince de Salerne, de Capoue et de Tarente,
épousa Marie, sœur et héritière du roi Ladislas IV de Hongrie. De cette
union naquirent :

- Marguerite, première épouse
de Charles de Valois, frère de Philippe le Bel ;

- Charles-Martel, roi titulaire
de Hongrie ;

- Louis d’Anjou, évêque de Toulouse ;

- Robert, roi de Naples ;

- Philippe, prince de
Tarente ;

- Raymond Bérenger, comte
d’Andria ;

- Jean Tristan, entré dans les
ordres ;

- Jean, duc de Durazzo ;

- Pierre, comte d’Éboli et de
Gravina ;

- Marie, épouse de Sanche
d’Aragon, roi de Majorque ;

- Blanche, épouse de
Jacques II d’Aragon ;

- Béatrice, mariée d’abord au
marquis d’Este, puis au comte Bertrand des Baux ;

- Éléonore, épouse de Frédéric
d’Aragon.

L’aîné des fils de Charles le
Boiteux, Charles-Martel, marié à Clémence de Habsbourg, et pour lequel la reine
Marie réclamait l’héritage de Hongrie, mourut en 1296. Il laissait un fils,
Charles-Robert dit Charobert, qui après quinze ans de lutte ceignit la couronne
de Hongrie, et deux filles dont l’une, Béatrice, épousa le dauphin Viennois,
Jean II, et l’autre, Clémence, devait devenir la seconde épouse de
Louis X Hutin.

Le second fils de Charles le
Boiteux, Louis d’Anjou, renonça à tous ses droits successoraux pour entrer en
religion. Évêque de Toulouse, il mourut au château de Brignoles en Provence, à
l’âge de vingt-trois ans. Il devait être canonisé en 1317 sous le pontificat de
Jean XXII.

À la mort de Charles le Boiteux, en
1309, la couronne de Naples revint au troisième fils, Robert.

Le quatrième fils, Philippe, prince
de Tarente, devint empereur titulaire de Constantinople par son mariage avec
Catherine de Valois-Courtenay, fille du second mariage de Charles de Valois.

Dynastie fabuleusement féconde et
active, la famille d’Anjou-Sicile totaliserait, dans sa durée, 299 couronnes
souveraines et 12 béatifications.

[6]
Le mariage de Philippe de Valois avec Jeanne de Bourgogne, sœur de
Marguerite et dite Jeanne la Boiteuse, avait été célébré en 1313.

[7]
Rien n’est plus malaisé à établir ni n’offre plus matière à débat que
les comparaisons de valeur de la monnaie à travers les siècles. Tant de
variations, dévaluations et mesures gouvernementales diverses ont affecté les
cours que les spécialistes ne parviennent jamais à se mettre d’accord.

On ne peut guère fonder les
équivalences sur les prix des denrées, même essentielles, car ces prix
variaient considérablement et parfois d’une année à l’autre selon le degré
d’abondance ou de rareté des produits, et aussi selon les taxes que l’État leur
faisait supporter. Les périodes de disette étaient fréquentes et les prix cités
par les chroniqueurs sont souvent des prix de « marché noir », ce qui
fausse toute appréciation du pouvoir d’achat. En outre, certaines denrées
d’usage courant aujourd’hui étaient peu répandues au Moyen Âge et donc de prix élevé.
En revanche, et en raison du faible coût de la main-d’œuvre artisanale, les
produits manufacturés étaient relativement à bas prix.

La valeur comparative de l’or au
poids pourrait paraître la meilleure base d’estimation ; encore nous
assure-t-on que l’or est, de nos jours, maintenu artificiellement à un taux
très supérieur à sa valeur réelle. Nous avons déjà quelque difficulté à faire
des calculs d’équivalence avec le franc de 1914. Comment pourrions-nous
prétendre à des évaluations exactes pour la livre de 1314 ?

Après comparaison de divers travaux
spécialisés, nous proposons au lecteur pour commodité, et sans lui laisser
ignorer que la marge d’erreur peut être comprise entre la moitié et le double,
une équivalence de 100 francs d’aujourd’hui pour une livre au début du XIV
ème
siècle. Les dépenses du royaume, au temps de Philippe le Bel, sauf dans les
années de guerre, s’élevaient en moyenne à 500 000 livres, ce qui
grosso
modo
représenterait un budget de 50 millions, ou 5 milliards d’anciens
francs. Nos anciens et nos nouveaux francs préparent d’ailleurs de sérieux
pièges aux historiens futurs. (Cette note a été établie en 1965.)

[8]
Le jugement de 1309 qui prétendait régler la succession d’Artois (voir
notre note p.223 du
Roi de fer
) n’avait accordé à Robert, sur l’héritage
de ses grands-parents, que la châtellenie de Conches, écart normand apporté aux
d’Artois par Amicie de Courtenay, femme de Robert II.

En compensation, Mahaut était tenue
de verser à Robert, dans un délai de deux ans, une indemnité de 24 000
livres ; d’autre part, un revenu de 5 000 livres était assuré à
Robert sur diverses terres du domaine royal qui, réunies à la châtellenie de
Conches, constitueraient le comté de Beaumont-le-Roger.

La formation du comté fut retardée
pendant plusieurs années durant lesquelles Robert ne toucha qu’une infime
partie de ses revenus. Il ne devait devenir réellement comte de Beaumont qu’à
partir de 1319. Le reliquat des sommes qui lui étaient dues ne lui fut versé
que sous Philippe V, en 1321, et, sous Philippe VI, en 1329, le comté
fut érigé en pairie.

[9]
Le culte des reliques fut un des aspects les plus marquants et les
plus étonnants de la vie religieuse au Moyen Âge. La croyance en la vertu des
vestiges sacrés dégénéra en une superstition universellement répandue, chacun
voulant posséder de grandes reliques pour les garder chez soi, et de petites
pour les porter au cou. On avait des reliques à la mesure de sa fortune. La
vente des reliques devint un véritable commerce, et l’un des plus prospères à
travers les XI
ème
, XII
ème
, XIII
ème
siècles, et
même encore pendant le XIV
ème
. Tout le monde en trafiquait. Les
abbés, pour augmenter les revenus de leurs couvents ou s’attirer les faveurs de
grands personnages, cédaient des fragments des saints ossements dont ils
avaient la garde. Les croisés souvent s’enrichirent de la vente de pieux débris
rapportés de leurs expéditions. Les marchands juifs avaient une sorte de réseau
international de vente de reliques. Et les orfèvres encourageaient fort ce
négoce car on leur commandait châsses et reliquaires qui étaient les plus beaux
objets du temps et qui témoignaient autant de la fortune que de la piété de
leurs possesseurs.

Les reliques les plus prisées
étaient les morceaux de la Sainte Croix, les fragments du bois de la Crèche,
les épines de la Sainte Couronne (encore que Saint Louis eût acheté pour la
Sainte-Chapelle une Sainte Couronne prétendument intacte), les flèches de saint
Sébastien, et beaucoup de pierres aussi, pierres du Calvaire, du Saint
Sépulcre, du mont des Oliviers. On alla même jusqu’à vendre des gouttes du lait
de la Vierge.

Lorsqu’un personnage contemporain
venait à être canonisé, on s’empressait de débiter sa dépouille. Plusieurs
membres de la famille royale possédaient, ou étaient convaincus de posséder des
fragments de Saint Louis. En 1319, le roi Robert de Naples, assistant à
Marseille au transfert des restes de son frère Louis d’Anjou, récemment
canonisé, demanda la tête du saint pour l’emporter à Naples.

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